rien de nouveau!

            Je déteste ce que j’écris, comme je déteste ce que je fais et ce que je suis.

Je ne sais plus écrire, je n’ai jamais su…et qu’est ce que j’en ai à foutre maintenant. Finalement quoi de bien ? mais je ne sais plus quoi faire pour parler parce que les mots ne sortent pas…ils restent coincés en moi et remontent de mon ventre, restent bloqués dans ma gorge pour venir s’étaler sur mes joues à faire exploser mes yeux…tout ce que je ne sais pas dire, qui n’a pas de formule. Alors oui je suis une merde infâme qui ferait mieux de rester seule, parce que je ne mérite peut être que ça, à force de quémander l’amour d’autrui, je n’aime pas être celle qui regarde, celle qui reste derrière, je veux mériter autre chose et j’en suis incapable. Je passe mon tour, j’ai trop peur…il faut me prendre la main pour traverser la route ou je me fais écraser…je prends la main des autres et je reste au milieu de la route quand ils avancent…sans moi. Alors je pleure pour qu’on me regarde, comme un bébé pleure pour qu’on l’entendre, pour qu’on le cajole parce qu’il n’a pas les mots…

C’est parce que ce sont les seuls que j’aime, les seuls que j’ai peur de perdre. On ne souffre pas pour ceux qui nous sont indifférents. Est-ce qu’elle est aveugle ? Elle est la seule à savoir. La seule qui devrait comprendre. La seule à qui je pourrai me rattacher…même à sens unique. Pas parce que je lui dis, juste parce qu’elle le sent. Et je pleurerai jusqu’à mourir plutôt que de la laisser me jeter. Je n’ai pas le courage de lui parler d’elle, alors je lui parle de lui… et je n’ai pas la force de lui parler de nous alors je lui parle d’elle. Est-ce que j’ai l’air si forte pour qu’on ne se retourne pas sur mes larmes ? Pourtant quand ils pleurent je pleure aussi, …au fond de moi. Mais C'est elle qui gagnera tout et je m'effacerai, puisque c'est tout ce que je sais faire, me mettre dans l'ombre. Elle aura sa place là où je n'en ai jamais eu, et j'attendrai autre chose que je perdrai aussi.

Je n’ai jamais eu de valeur pour quiconque, alors pour qui pleurer ? Pour qui me dessécher ?

J’ai toujours voulu croire aux débuts, parce que quand il n’y a rien tu peux t’imaginer qu’il y’aura quelque chose après…mais tout a une allure de fin. C’est quand on a tout, quand le temps a eu le temps de graver trop de souvenirs qu’on a peur qu’il les reprenne. J’entache toujours mes souvenirs…ils ne restent jamais beaux. J'attends encore qu'elle vienne me sauver, me blottir contre lui, respirer un peu et calmer mon coeur qui bat trop fort, et puis rester muette en les regardant s'éloigner. Il ne veut surement pas me voir ce soir, c'est pour ça qu'ils n'arrivent pas.

« Il n’y a plus rien, avant il y’avait de la passion »

« Jamais dix ans sans se voir »

« Je t’ai perdu je te récupérerai jamais »

« Tu es à moi »

Chaque fois que je le vois j’ai la rétrospective de toutes ces images en tète….j’ai toujours imaginé que c’est la dernière fois que je le vois, pourtant je me suis toujours persuadé du contraire. Le bateau sur l’Oise, le lac de Verneuil, les restos chinois et les québabs, nos expéditions en vélo et nos auditions de musique, nos regards dans les couloirs au solfège, dans la rue, chez lui, chez moi, sous la pluie, là bas, son examen au conservatoire, dans sa voiture, nos dizaine de films, mon bac de violon et nos notes emmêlées, nos cinémas, nos tartes aux pommes, nos messages, nos heures au téléphone, nos heures à rire, mes galas de danse et lui sur son skate, lui au piano sur la scène, tout jeune, sans barbe…nos rires dans Paris, ses répèts, le quick, dans Cora, au tennis, dans les trains, sur les quais, au parc alata, sa main dans la mienne, lui à la grille du lycée, lui au piano, lui dans le froid, sur les trottoirs…ses insultes et son indifférence, ses déclarations et sa tendresse et mes larmes sur son passage…la première fois où je l’ai vu, sa bouche, la première fois où il est venu chez moi, la première fois où il m’a embrassé, la première fois où il a cassé…Emilie, ma haine, mon amour, nos bagarres, nos prises de tète dans Creil, nos « je t’aime », nos oublis, mes pages et mes pages, mes pleurs et mes pleurs,  nos rêves…

On était tout jeunes, 5ans sur 19…et puis un flash, nous maintenant…

« Jamais dix ans sans se voir »

« Regarde-nous… »

Alors je pleure de rage, de tout ce gâchis, de ma jeunesse gâché, j’avais tout et je n’ai rien eu…et si…

Je pourrais tout avoir et je n’aurai rien…

« Tu m’as laissé partir »

« Je t’aime, reviens moi »

« Tout est de ta faute »

« Tout est de la tienne »

Endors-toi encore sur ma cuisse, agrippé à ma jambe, car quand tu dors tu n’y penses plus et enfin je te regarde sans souffrir.

Pour qu’un grand amour vive toujours…il faut qu’il meurt d’amour…