rien de nouveau!

Des fois je pense aux prophéties involontaires de l’oracle Dine….  Je me plais à croire qu’elle avait vu plus loin encore que tout ça….

Je cite : « Chuis sure que tu pourrais y aller la tête baissée. Ce que tu ne feras pas, évidemment. Après tout, tu as bien raison. C'est naturelle qu'il t'aime, ce petit bout d'homme. »

Bon, je vous raconte quelques extraits de ma semaine. Tant qu’à être lancée dans les pavés hein…. Et puis mon joueb est aussi là pour conserver chaque détail de mon existence, quand je relis les petites choses de début d’année, je me dit que c’est bien de les avoir écrit là, que si je n’avais pas pris la peine de le faire je ne pourrais pas y repenser aujourd’hui en les retrouvant dans mes archives. Alors je me dis que même si ça décourage les gens de voir des trucs de 10000pages, tant pis, il faut figer l’instant quelque part, ici, maintenant.

Mardi soir.

Le matin, quand je l’avais fait réviser à la bu il m’avait aussi demandé

« Tu vas à la bu cet parem ? »

Je lui avais dit que non, j’avais cour jusqu'à trois heures, et que je ne sécherai pas le cours de violon (ce qu’il m’avait fait faire la semaine précédente pour que je reste à la bu). Et puis après avoir dit ça, j’avais pensé à venir en début d’aprem tant pis pour l’art antique, il me disait qu’il y serait lui.

Donc voila, je me suis pointée mais personne. Je suis repassée deux fois, il n’y est pas allé. Pourtant il y va tout le temps 

Donc je suis allée au violon, j’ai pété un câble en sortant, quel connard ce prof. Après avoir saoulé ma mère au téléphone je suis revenue à la fac, j’avais rien à y faire mais j’espérai encore le croiser. Comme je sais que Julie sort de cours à cinq heures je me suis dit que comme je le verrai pas, j’avais envie de parler à Julie, voir si elle me remonterai le moral, et je rentrerai chez moi un peu moins désespérée.

Je me suis posée sur le banc dans le couloir ; il n’y avait pas un chat. Personne en vue. Personne.

J’étais toute seule. Comme je ne voyais rien venir je me suis prise un café, et je me suis mise à rêvasser…j’étais bien finalement recroquevillée sur mon banc toute seule avec mon gobelet, mon violon pour me tenir compagnie et une lointaine musique à l’étage au dessus… j’ai regardé l’heure, allé à dix je me casse.

Sept….huit….

Je tourne la tète, quelqu’un arrive, je reconnais sa démarque assurée, sa silhouette élancée…son long manteau, et je regarde son visage ou se dessine subitement un large sourire ravis. C’est pour moi ce sourire ? Mais qu’est ce qu’il fait là, y’a personne !

Il s’approche, s’arrête face à moi. Je lève le nez vers lui « tu vas en cour finalement ? »

« ouai…. Et toi tu fais quoi ici ? »

Humkch…..qu’est ce que je répond ? De toute façon j’ai l’air con là…même s’il n’a pas l’air de s’en rendre compte…

« heu moi ? hum….j’attend Julie…elle sort de cours… »

« Bah le groupe 2, j’lai vu sortir y’a cinq minutes… »

Ah. Merde.

Autrement dit, telle qu’il me trouve là, j’attends un groupe qui s’est cassé depuis perpette, toute seule dans un couloir vide…

« C’est ton violon ? »

« mouai »

Il se met à l’ouvrir, à regarder les photos de danse dans la boite

« Tu vas nous jouer un petit air ? »

« ahah, nous ? Qui nous ? Y’a que toi. Un jour peut être. Mais qu’est ce que tu fais toi là ? »

« Je vais en cour »

« Il est quelle heure ? »

« Ça a du commencer depuis dix minutes… »

Mais qu’est ce qu’il fou là alors ? J’ai du le réveiller, il s’apprête à partir vers la salle. Je me lève, met ma boite de violon sur l’épaule :

« Bon….bah, bon cour…à demain… »

« ouai…salut, bonne soirée… »

Et puis on s’est cassé. Bon. Ayé j’étais contente. Je l’avais revu avant demain. Je pouvais aller me coucher, j’avais imprimé son sourire.

Jeudi.

Fatiguée. Epuisée. Marre de ne penser qu’à lui. Besoin de prendre l’air. Je me lève, j’ai mal dormi. C’est décidé, y’aura pas de vendredi, je me casse ce soir, d’ailleurs je vais de ce pas chercher ma résa. Je passe à Lille Flandres -> 18h tgv.

Quand j’arrive en cour à une heure, je trépigne de sortir de ce cours et d’aller en amphi où il a cours aussi. Est-ce que j’aurai le temps d’arriver avant qu’il ne s’asseye ?

La prof nous lâche, mais j’arrive trop tard, il est posé quelques rangés plus près, avec ses deux potes de son groupe.

Je dit à Julie « arf…pfff…il est avec la rousse. »

« mouai, il était tout seul depuis tout à l’heure, elles se sont posée après lui. »

Bon…alors j’ai plus qu’a mater ses cheveux hein.

J’attends la fin du cours. Bon c’est décidé, je sais qu’il a cour à cinq heure, donc il va a la bu, donc s’il me demande, ce qu’il va faire, tant pis pour l’art médiéval, je lui dit que moi aussi. Je ne part pas de Lille sans être restée au moins une heure avec.

L’heure se termine. J’avais envoyé balader malencontreusement mon bouchon de stylo dans le décor. Je descend, le ramasse, remonte, enfile très lentement mon manteau, ramasse doucement mes affaires, je le vois qui monte, je m’empare de mon sac l’air affairé, et Oh !!!!

Tiens François ! Face to face inattendu !

Sourires mutuels

« Salut ! Tu vas bien ! »

Mouak mouak

« Ça va. »

« Tu fais quoi là ? »

« hum….heu, bah, je vais à la Bu »

« Ah,  moi je vais en art médiéval, comme ça, ça sera fait. »

« Ah »

Il s’éloigne….putin….mais quelle conne. Bah…de toute façon, j’y vais aussi, on peut changer d’avis, il fait genre mais il sait que c’est mon cour, vu que c’est ce cour que j’ai séché la semaine dernière, et il le savait, il était avec moi à la bu.

Alors je vais rejoindre Julie, je lui montre le dessin que j’ai fait mercredi soir (celui là même que j’ai posté en tète de l’article précédent) et je me dépêche de me pointer devant la salle. Je me ramène après les autres, ni vu ni connu. Moïse et Delphine viennent me voir, et Topmodel qui parlait avec les deux meufs de son groupe les plante et vient me voir. Pouf il s’arrête devant moi.

Il me considère sans rien dire.

Je le considère sans rien dire.

….

La porte derrière nous s’ouvre. Tout le monde s’agglutine devant, les gens s’engouffrent dans cette pièce close depuis le matin ou se relaient plusieurs trentaines d’élèves à tour de rôle, filtrant inlassablement l’air saturé de carbone. Ça sent le chaud, l’humide ça pue. Topmodel m’a posé la main sur l’épaule en piétinant derrière moi pour entrer. Je m’avance sans me retourner vers le premier rang où personne ne se pose, alors qu’on voit bien les diapos au moins. Je le fais exprès pour voir. Delphine me suit aussi. Moïse a renoncé à rester avec nous en voyant se pointer mon Topmodel. Il a du me griller Moise… je suis sure qu’il est perspicace. Je me pose donc devant.

La question est : est ce qu’il va se poser avec ses copines qui l’appellent au fond en lui montrant une place tranquille entre elles, ou il pourra dormir derrière le projecteur sans que la prof puisse le voir, ou est ce qu’il va se foutre face à elle, au premier rang, à coté de moi, tous les deux ?

Sans même le regarder, j’entends ses potes qui l’appellent, je croise les doigts intérieurement, j’invoque le ciel…. Et je sens qu’il me suit, dans mon dos… je l’entends répondre à son fan club

« nan, c’est bon. »

Avant de s’asseoir là,  coté de moi.

Et le cours se passe.

«  Tu fais quoi après ?’

« Je vais a la BU »

« Moi aussi. »

« j’te monterai mes photos »

« Ok »

…..

L’heure se termine. Je me casse.

Non je ne l’attends jamais. Je suis autonome. Je sais marcher jusqu'à la porte sans lui.

Oui mais arrivée à la porte….j’ai envie de l’attendre. Je sais qu’il doit se faire noter sur la feuille d’appel par la prof avec les autres.

Je suis sortie par la porte de devant. Je me demande pourquoi au bout de cinq minutes personne n’a franchi cette porte. Alors je songe qu’il y’a une autre porte, et que je suis la seule bouffonne à être passée par là. Donc je me décide à bouger et je rattrape la foule. Au milieu des gens qui migrent vers la sortie, je vois une tète qui se retourne, qui cherche quelque chose….mon Topmodel. Il marche entre ses deux potes, il m’aperçoit, il s’arrête, fait demi tour et me rejoins. « Bah, j’te cherchais, j’pensais que tu t’étais cassée. »

« j’suis allée aux toilettes. »

Humkch !

On rattrape doucement la rousse et Agathe, la rousse fume sa clope, et Agathe s’exclame

« Vous prenez le métro ? »

« heu nan, on va à la bu, elle va me montrer ses photos. »

Il est sérieux ? Moi qui pensais avoir dit ça uniquement de façon rhétorique, histoire de dire…que finalement on allait rentrer chez nous, que j’allais passer prendre mes affaires et prendre mon tgv.

Il fait la bise à la rousse qui attend un pote avec sa clope. Et nous voilâmes partis….

Je n’ai pas spécialement envie de lui montrer mes œuvres. Sur ma clef il y’a des trucs persos…et puis même si je faisais défiler rapidement sans lui laisser le temps de voir, sait on jamais… et puis qu’est ce qu’il en a à foutre de ces images pleines de loupiottes et de pères noël… hum…mais maintenant j’vais pas l’envoyer chier.

On se met sur un poste, je fais défiler rapidement mes photos, et allé, on se casse, fini…c’était bien hein ?

On va au métro. Il marche vraiment lentement….vraiment deux d’tens ce gars cet aprem. Mais je sais qu’on ne va nulle part, et que si on marche à vitesse normale dans cinq minutes on se dit au revoir. On a rien à dire. On se parle de nos blessures de guerre, lui au tennis, moi à la danse…. Puis il me parle guitare… on est dans le métro… je lui parlais de n’importe quoi quand le wagon s’arrête à Hellemmes. « Tu descend pas » j’avais oublié…je suis prise de cour…je ne veux pas descendre

« heuuu…non ! Heu…je vais à….Lille Flandres ! »

« Déjà ? Tu prends pas d’affaires ? »

« non ! Heu…si….je vais…chercher ma résa ! »

« Ah. »

Gros blanc.

En fait, je lui avais montré ma résa en cour.

Les portes se referment. Je respire.

« Je parlais de quoi déjà ? »….

« De ton pote…du jack, de la guitare… »

« Oui ! »

Mais je m’arrête là. Voyant que je ne me décide pas à enchaîner, il meuble avec quelques trucs…le wagon s’arrête. Il me fait la bise, doucement, et s’en va.

« Bon week end. »

« Toi aussi. »

Voila. J’ai le cœur retourné, envie de pleurer, envie de rouvrir les portes et de lui courir après. Mais non, je cherche ou poser les yeux, je respire fort. Et voila.