rien de nouveau!

Le pire….c’est que c’est vrai…

Nan sérieux, ça craint.

Il ne faut plus que j’aille à Verdi. En fait c’est vraiment stupide, nullissime, débile au plus haut point, et pourtant, moins j’irai mieux ça sera. La situation est déjà bien assez compliquée sans que j’en rajoute une couche.

Sans que j’vienne foutre ma merde.

Nan vraiment pourquoi moi ? Franchement…soyons réaliste…Topmodel est carrément suffisant…même le magnifique ! Mais pourquoi est ce que je suis allée plonger dans cette merde.

Bon, soyons d’accord, c’est pas encore incurable. Pas encore ! parce que je suis forte !

C’est un bon point.

Mais quand même. Si j’y vais, je vais devoir le regarder jouer avec elle, voir Adeline ruminer son chagrin, voir les autres se marrer, le voir tourner les yeux pour mieux se rappeler que ça ne sert à rien, et la voir peser ses mots, celui qu’il faut et celui qu’il ne faut pas dire.

C’était marrant avant.

Et moi ? 

Moi je m’amuse. Je m’éclate, c’est la fête les gens. Euh, c’était la fête.

Pfoua, vraiment je suis la dernière des buses.

Oui mais je suis forte !

J’ai trouvé un endroit génial, l’endroit que je cherchais, là ou j’aime tout le monde, là ou personne n’y pense, là ou je peux entrer sortir, rerentrer, ressortir, puis repartir…où on me dit bonjour quand je rentre et salut quand je pars, là où je suis bien.

Mais voila, tout se meut, tout coule, l’eau d’un fleuve n’est jamais la même, et j’aimais bien la semaine dernière….

Les semaines d’avant.

Et la semaine prochaine ?

Il n’a pas fallu grand-chose…

« Pourquoi t’as arrêté de faire la gueule après le space montain »

Chut Julie…n’en demande pas plus !

C’est trop simple : tout le monde le kiffe. Une de plus, une de moins…

On est d’accord sur ce point, c’est un aimant. Il suffit de s’en approcher, juste un peu pour plus pouvoir se décrocher. Alors je garde ma distance à moi, parce que je tiens à cette distance, ma zone infranchissable, pour pas tomber plus bas. Là, comme ça, c’est bon. Leurs histoires me fatiguent, je préfère les suivre de loin sans y être impliquée, c’est plus simple.

J’ai pas envie de me marrer avec lui, parce que finalement je suis faux-cul. Je suis plus sa bonne pote, trop tard. De toute façon je l’étais pas, je voulais l’être. Je le serai pas.

Je veux pas être Adeline.

On verra. Mais j’ai envie d’esquiver, parce que quand je le vois, j’ai envie de le revoir. Et lui pas. C’est balo hein ? …….Je vous le fais pas dire.

Mais je suis forte !

J’avais presque réussi. J’avais dit : « cette semaine je pose pas un pied là bas. » et cet aprem je me suis dit « un pied après tout… »

Je suis montée, vite vite, je l’ai aperçu au bout du couloir…tan tan tatatan tan….j’ai gravi l’escalier, et hop je suis entrée dans la chambre et fermé la porte. Oui, bien vu ! Mais fallait descendre…et pouf : je me suis retrouvé face a face avec lui. 

« Oh mais je la connais elle ! »  Mais qui me parle ?

Juste un pied on avait dit, vite je me suis cassée.

Je voulais pas en parler à Julie. Et puis finalement si. J’ai tout déballée.

« Plus envie de venir. »

Et je mens, j’avais envie d’y aller, vite, le soir même.

Elle me disait « j’ai besoin de les voir » je pensais « j’ai envie de le voir »

Mais elle m’a raconté, alors nan, plus envie du tout. Bon bah voila….

C’était la minute joyeuse.

Forte hein. ?....

Parlons sérieusement maintenant. (quoi c’était pas sérieux ?)

Aaaah vous savez pas quoi ? !!!!!!

J’ai été chez Topmodel !!!!!!!

Ouai !

Si si je vous jure !

Nan vraiment, pour de vrai !

Lundi aprem.

Je sors du train, poursuivant un magnifique jeune homme inconnu au bataillon que je ne reverrai jamais…je cours dans le métro et je vais m’acheter une écharpe (aucun intérêt je vous l’accorde). Je constate avec frayeur qu’il est quand même presque quatre heure, et mon cours étant à la demie, je décide par précaution d’aller direct à la fac, même en devant trimballer mon sac, tant pis.

Je me pointe là bas et j’aperçois contre les vitres le copain de Topmodel. J’ai eu une subite envie d’aller taper la discute, mais je me suis retenue, question de principe : ne jamais parler à un inconnu qui ne vous vois pas arriver, parce qu’on ne peut pas mesurer l’envie qu’il a de vous parler à son expression : vu qu’il vous voit pas.

J’ai préféré remettre à plus tard cette mission délicate… et trop fatiguée pour tenter le diable.

Je suis allée me poser avec un chocolat sur un banc devant l’amphi, j’avais au moins vingt minutes à attendre. J’avais mes écouteurs dans les oreilles, et la photocopie de ma partoche de violon à décrypter.

Deux minutes…

Cinq minutes…

Les gens passent…

Huit minutes….

J’en ai marre….

Couldn't look you in zzzziii aaayes……..You're just like an angel………Your skin makes me cryyyyy

Agressée de toutes parts par des spots de cent milles watts, j’ai fait une boule de mon écharpe et me suis affalée sur l’oreiller, posé sur mon sac, posé sur mon autre sac, posé sur mes genoux.

J’ai sentie mes paupières se fermer lourdement…je les laissais tomber, m’appuyais sur mon poing, commençais à sentir que mon envie de dormir n’étais plus seulement une envie, mais j’ai ouvert les yeux et j’ai vu Topmodel qui s’approchait de son pote, qui finalement était venu s’asseoir contre le mur face à moi. J’ai relevé le nez et il s’est retourné vers moi. Il m’a fait un grand sourire, tandis que j’essayais de lui rendre quelque chose de plus ou moins ressemblant je lui faisais signe de venir me voir. Il a pivoté sur lui-même avec une classe difficile à décrire et s’est avancé vers moi.

Hum……

Il s’est penché, m’a tendu sa joue, puis l’autre : j’adore lui faire la bise.

Il piquait un peu…

« Tu piques… »

« hum ? moui, ah bon » il disait ça l’air songeur, sans savoir s’il devait s’offusquer ou juste mettre ma remarque sur le compte de ma fatigue. En fait, il avait rien à me reprocher, c’était la première fois qu’il avait les yeux bien grands ouverts et que les miens se fermaient tout seuls.

Comme je devais lever les yeux au ciel, que les spots se faisaient plus violents et qu’il voyait à mes yeux globuleux que je tiendrai pas une minute à le regarder, il a viré mon sac et s’est assis a coté de moi. « C’est ton sac ? bon alors j’peux le virer » AhahAhahAhhh….

J’étais a coté de lui, il m’a parlé d’exposé foiré (je priais pour qu’il ne l’ai pas fait avec une pétasse blonde) de cours d’art contemporain le matin, de moultes choses dont je ne me souviens pas bien, trop mal éveillée pour suivre. Je me souviens seulement qu’il avait bougé son cul pour venir se poser a coté de moi….

Quelle gueule pouvais je bien avoir ?! Mon dieu….

Les portes se sont ouvertes. Allé go….

Je marchais derrière lui, où est ma Julie ?...... je l’ai aperçu qui remontait de l’autre coté, elle sortait.

« Je révise après » « ok, alors à demain »

Je me suis retournée…j’ai vu Topmodel regarder vers moi, et voyant que je devais le chercher il m’a fait signe de le rejoindre. J’ai soupiré, genre « ça me fait chier de descendre jusqu'à toi mec, mais si tu le demandes si gentiment…j’peux faire un effort…pour cette fois ».

Je me suis assise à coté de lui.

Je ne sais pas si c’était le temps, les deux heures de train ou juste que la semaine commençait, mais j’étais bien avec lui, et j’ai cru comprendre qu’il était bien avec moi. De toute façon quand on est bien avec quelqu’un c’est aussi qu’il est bien avec nous la plupart du temps. Ca se sent quand même un peu.

Il aurait pu ne pas me faire assoir à coté de lui….

Et puis le cours à continué….c’est chiant : c’est toujours en art contemporain que je suis à coté de lui, et c’est le cours que j’aime le plus ! Si c’était en archéo, je dirai pas…mais là ça tombe pas super…

Je disais rien, et puis il a poussé ma main en faisant style de regarder le cours et il a fait un trait au milieu de ma feuille. Je dis rien, je tourne la tète vers lui, le regarde, il me regarde, je souris, il s’éclate de rire. Pff…pfffff….pfffouuuaAaAaA !

Il a mis la main sur son cour (beaucoup plus propre que moi, seule laeti qui connait la propreté de mes cours peut comprendre à quel point je me foutais de ce que Topmodel venait de faire) mais j’ai poussé sa main comme je pouvais pour répliquer…et j’ai écrasé ma mine de crayon sur sa feuille …Crrrrrrcccrrrrrrrrr…..

« Oh putain ! Ma feuille »

MouHaHaHaHA….

Et là, j’ai pris une gomme dans sa fausse trousse de merde pour gommer ma feuille. Il m’a regardé l’air dubitatif, qu’est qu’elle fait celle taré, et j’ai essayé de gommer….

« hey…c’est du stylo » il se marrait…

Certes….du stylo….hum…..

Et puis à la fin du cour, je ne dis rien…je m’en vais…je marche pas trop vite…il me suit, je sors de l’amphi, me dirige vers l’escalier, il a pas du faire gaffe….il est déjà en train de parler à des meufs qui passaient par là…. « ohh saluuut ! »

J’en ai profité pour me barrer, histoire de voir….et puis, je ralenti de plus en plus (j’arrive pas a me résigner au fait d’être un bouche trou) et j’entends quelque part derrière moi « Mathiiilde ! »

Oh putain ! NON !

-         il m’a appelé par mon vrai prénom !

-         il m’a appelé tout court !

Moi qui croyais que ma disparition passerait inaperçue…. Je me retourne, ouvre grand les yeux d’étonnement « qué ski se passe ? » il me fait signe de le rejoindre…

« J’ai juste un truc à regarder »

Et t’as besoin de moi pour le faire ?.....

Je sais pas trop ce qu’il compte faire de moi, de toute façon je suis pas pressée. Il me raconte sa vie. Enfin…il continu, parce que j’ai eu toute l’heure d’art Co pour connaitre sa vie…en fait, je connais plus sa vie que celle de Ingres….

Il me dit « et toi ? » « Et toi ? »

En général je raconte ma vie à qui veut l’entendre, mais là je préfère écouter la sienne….parce que ce garçon m’intrigue. Il est….bizarre…..

D’abord, il traine avec plein de filles…bon jusque là rien d’anormal quand on voit la tète qu’il a. Il traine avec moi…là ca devient plus étrange. Et puis, j’ai l’impression qu’il m’aime bien comme petite minette. Ouai….impression ou pas, c’est vraiment ce que j’ai ressenti ce jour là. Et comme j’avais l’impression qu’il me parlait bien, je voulais l’écouter le plus possible. Si je dois lui raconter ma vie un jour, j’aurai le temps…parle donc garçon….

Ai confiiiannnce….croiiizeeeen mouuaa…..

J’suis contente.

Ouai.

Donc on est allé jusqu’au tableau, on commençait déjà à chahuter....je chahutais avec Topmodel ! Il sait pas ce qu’il risque le monsieur, je pourrai me jeter sur lui d’un instant à l’autre.

« Tu prends le métro ? »

« Oui…je rentre chez moi, et puis j’ai mon sac »

« Il fait déjà nuit…ça me déprime »

Il était cinq heures et demie.

« Moi j’aime bien…j’aime bien la fac la nuit…ça me fait penser à noël…ça serai bien un sapin au milieu là ! »

« claiiir !!! Mais avec les cadeaux ! »

« ouai !!! Un déstockage de H&M ! »

« Tu veux provoquer une guerre ?! »

J’ai imaginé une grosse benne en train de faire dégringoler les masses de fringues en vrac au pied d’un immense sapin illuminé sous les yeux ébahis d’une foule d’étudiants près à se jeter les uns sur les autres s’arrachant des pantalons, t shirt et vestes à coup de pieds et poings, de griffes et de dents…

J’ai rigolé…

Lui aussi.

On marchait tout les deux vers le métro, les gens avaient l’air pressés, ils nous doublaient mais on marchait pas très vite.

Et puis, à l’angle du parking son téléphone a sonné. Il me l’a mis sous le nez

« Regarde c’est magique ! »

Son téléphone sonnait, plein de loupiottes qui clignotaient, plein de couleurs, on aurait dit un talkie-walkie Fisher price. Il a décroché :

« nan c’est bon je prends le métro. Ok…ouai…ok…à demain »

J’écoutais, je savais qu’il parlait à une meuf, il aurait pas parlé comme ça a un gars, c’est pas la même intonation. Qui c’était ? Alors qu’il parlait, j’essayais d’imaginer comment je pourrai faire pour le savoir. J’me voyais pas lui poser la question cash, « c’est quii ??? ». Et puis j’me doutais bien qu’il allait pas me l’annoncer la fleur au fusil « c’est ma meuf »…et pourquoi sa meuf d’abord ?! Hein ! Dine m’a dit que les mecs de la fac avait pas de meuf ! Et Dine a toujours raison…enfin j’espère sur ce coup là au moins…ça m’arrangerai bien.

Il a raccroché.

Pitié…faite que ce soit sa sœur…..sa sœur…..

« C’était ma sœur. »

« Ah »

« Elle demandait si je rentrai en voiture avec elle, mais j’prend le métro. Comme ça je reste avec toi »

« Avec moi ? C’est gentil….en plus ça craint en ce moment dans Lille…j’pourrai me faire agresser !!! »

« bah justement, raison de plus ! »

Raison de plus à quoi ?

J’me sentais plus pisser là….il était à coté du parking….à l’angle !

Topmodel a révisé ses projets pour ma gueule… qui l’eut cru ? Bon, peut être qu’il préfère le métro ok…ou peut être que c’est plus rapide…ou pareil…

 On est descendu dans le métro, et en arrivant sur la rame, y’en avait déjà un. En temps normal je cours, je me propulse dans le wagon avant que les porte se referment. On aurait pu faire ça. Mais je me disais que si on faisait ça, sachant que j’ai que deux stations, que je mets environ deux minutes à arriver à Hellemmes, je resterai avec Topmodel deux minutes au lieu d’attendre avec lui le prochain, deux minutes après, donc je resterai avec lui deux minutes de moins que si j’attendais le prochain. J’ai pensé à tout ça en quatre secondes et il me dit

« On attend le prochain ? »

« ouai. »

Et qu’il aille pas me faire croire que y’avait trop de monde parce qu’il y’avait personne devant nous.

On a attendu deux minutes, et là y’avait encore plus de monde ! humkch ! Du coup j’étais à moitié collée à lui…huum….il est quand même grand ce François…

De près il est encore plus magnifique. Quand il baisse les yeux vers moi comme si j’étais un nain de jardin, qu’il me sourit l’air de dire « si tu veux on reste collés jusqu’au bout de la rame… » et puis qu’il ajoute à voix haute « alors tu descends où ? »

« Je vais faire mes courses à Carrefour »

« A Euralille ! Mais c’est con, y’a un champion juste à coté, c’est moins loin, c’est plus rapide et moins grand. »

« Ah bon ??? » comme si il m’apprenait que la terre était ronde.

« ouai, en face de chez moi. Tu veux que j’te montre ? »

« heu si tu veux… »

Le micro annonce « Hellemmes » et j’ai une bonne excuse pour rester collée à lui. Enfin, pour une station de plus… il descend, j’hésite… « tu descends ? » « hum moui… » et je le suis. L’espace d’un instant je me demandais s’il avait intégré le fait que j’descendais avec lui. En fait, ça faisait plus d’une heure qu’on se suivait mutuellement, et c’est toujours lui qui m’incitait à le suivre…

Flash back

« C’est tes affaires, j’peux m’assoir »

« Alors ton week end ? »

« C’est du stylo… »

« J’ai juste un truc à regarder »

« Tu prend le métro ? »

« Avec des cadeaux ! »

« Comme ça je viens avec toi. »

« Tu descends à Hellemmes ? »

« Viens je te montre »

Je suis descendu à Marbrerie. Chaque fois que je passe à cette station de regarde si y’a pas un grand brun qui monte. Et là c’est nous qui descendions, magique !

« C’est là que j’habite »

En effet, de l’autre coté de la rue, une boutique, une porte verte, et un volet à moitié fermé

C’était chez lui.

« Faut que j’aille chercher un truc »

Hein ?

« ten »

J’attends.

« Oh bah reste pas sur le trottoir »

Ok

Bon, il était sensé me montrer le champion pas me balader dans sa rue. Je monte un petit escalier, il ouvre une porte, j’attends, il entre et ressors aussitôt. Il habite à cinq minutes de chez moi.

« C’est bon »

Il m’accompagne au bout de la rue, en effet, y’avait bien un champion. Je lui fais la bise, il a eut l’air prit de cour, comme s’il s’attendait pas a ce que je l’abandonne là. Quand je vous dis qu’il est bizarre. J’allais pas l’emmener faire du shopping chez champion, c’est intime les courses. Et pi quoi encore.

Et il m’a dit

« Salut Agathe… »

Sourire

« à demain »

A demain

D’habitude il dit à plus, et je lui dit à plus, là il m’a dit A demain, et j’avais aussi envie de le voir le lendemain.

Je l’ai pas vu. Mais c’est pas grave, c’est l’intension qui compte.