rien de nouveau!

24 mai.

Il est 8h. Je m’y remets léti. J’ai essayé de dormir, j’étais cassée, et pourtant, même exténuée j’y arrive pas. Tant pis hein. C’est toujours le bordel dans ma tète, même après cette nuit. Il va me falloir un peu de temps. Mais il faut que j’écrive tant que c’est tout récent. Plus tard je pourrais réécrire avec du recul, mais il faut que je note tous les détails. Je suis comme ça, un mémorial de la mémoire. J’ai peur d’oublier, je veux pas me réveiller à cinquante ans en ayant oublié, j’ai peur de l’amnésie, parce que chaque jour compte, et que plus tard ça sera perdu a jamais. Même si ça ne fera pas grandir l’humanité de connaître chacun de ses faits et gestes le 23 mai jour de mon bac, moi ça me servira. Je veux que ma vieillesse soit le théâtre de tous mes souvenirs. Que quand je croupirais dans un fauteuil parce que trop vieille pour bouger, je puisse relire ces délires de jeune fille amoureuse.

Parce que je suis amoureuse.

Ca me fait drôle de l’avouer finalement. Oui je capitule. J’ai dix cent fois que je ne l’aimais plus pour essayer de m’en convaincre, mais on lutte pas contre des sentiments qui s’accrochent aussi fort. Faut attendre. Ca fatigue de se battre contre du vent. Epicure dit que c’est inutile de se soucier de la douleur puisque les plus fortes sont éphémères. Est-ce qu’il a prit en compte l’amour ce plouc ? Ça devait être un beauf qui se bourrait la gueule pour avoir de l’inspi. Mais moi je dis que tout les plaisirs sont vainc tant qu’on a pas l’être qui nous va. Moi c’est lui qui me va. Je le sais. Je le savais, mais j’avais fini par oublier qu’il me manquait à ce point la. J’en étais arrivé à penser que finalement je m’y ferais avec le temps quand je partirais. Et puis en fait, c’est toujours la même chose, en mieux, parce qu’avec le temps qui passe je me rend compte que rien ne change, que tout s’améliore presque, à un détail près : je ne suis rien pour lui d’autre qu’une bonne amie.

Il me laisse choir dans mes espérances. Il n’est pas seulement musicien, mais il est aussi le meilleur acteur que j’ai vu. Il peut faire passer à travers chaque mot et chaque regard un tas de trucs involontaires à travers lesquels je peux tout comprendre. Peut être que j’ai trop d’imagination et que je me leurre.

Bref passons, ça sert a rien de gloser sur du vide. C’est le temps qui m’éclairera. Dans un mois a peine j’en aurais fini de tout ça. Je partirai et j’aurais plus qu’a tout effacer et tout recommencer. Comme toi ma léti.

Venons en aux faits.

J’en étais ou déjà ? Ah....allons y.

Je l’ai vu passer la porte de la gare et la, j’ai entrevu toute ma journée avec lui. Ça commençait.

« j’ai pas eu a attendre longtemps ! »

« j’tai vu du quai derrière les vitres »

« Ah ouai »

De derrière les vitres ? Il me voit arriver de loin, c’est marrant parce que moi aussi j’ai essayé de le chercher en marchant, mais j’dois être miro, j’ai rien vu.

On marche jusqu'à la voiture où ma mère nous attendait. Il avait mal au cul, il avait fait foot le matin, et en gros flegmard qu’il est, il était ravi de trouver une voiture. Je suis montée à l’avant, derrière y’avait mon violon

« Pousse le violon hein »

« T’inquiète j’me démerde »

Ma mère :

« Oh met le derrière le violon »

« Mais nan il se démerde ! »

ahah ! Et là, de derrière le siège je me prend la première baffe de la journée. Là ça commençait !

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