rien de nouveau!

J’étais dans les bras d’Edouard quand mon téléphone a vibré dans la poche arrière de mon jean. « Pousse ta main, mon téléphone… »

J’ai pas vraiment paniqué, ca a eu le temps de vibrer par deux fois avant que j’ouvre le clapet, c’était surement mon père, ou une pote, rien d’urgent à la minute.

Un message 888. J’écoute.

Vous avez – un – nouveau message.

Reçu – aujourd’hui – à – 19 heures – 54 :

-         Ouai Mathilde c’est Julien…..

……. Mon cœur un instant d’arrête. Julien. C’est sa voix pas de doute, sa voix douce, caressante, cette voix qui me fait trembler, c’est lui. Je ne l’ai pas entendu depuis le mois de septembre. Je ne l’ai pas vu depuis l’année dernière. Il rappelle. Je décroche.

Je me suis barré en courant dans la pièce à coté, dés agrippant les bras d’Edouard autour de mon dos, rien de grave non non t’inquiète… « Allô ? »

Il s’excuse une centaine de fois de n’avoir pas donné de nouvelles, il me pose des questions sur ma vie, depuis tout ce temps, et ça te plait Lille, beaucoup, la grippe je l’ai eue aussi, relou, et les vacances… et on peut se voir là cette semaine ?

Je réfléchi une minute, mon cerveau tourne à plein, je repars mercredi, Jeudi je vais peut être à Marseille, mais c’est pas sur, et si j’y vais pas je vois Tony, oui mais quand je vois Julien ? Mercredi, mais je peux pas le dire à Edouard, ah et si je partais vers midi, il le saurait pas….

« Mercredi ? c’est bien mercredi, on se voit l’aprem »

« ouai ok, c’est bon. Cool. »

J’ai raccroché. Et béh !

Edouard a une tète bizarre. Un pote.

Julien. J’avais abandonné toute idée de le revoir tant qu’il serait avec Pauline. Non, à croire qu’il m’aime bien ce garçon. Content de savoir ce que je deviens. Et moi aussi, je suis contente de lui dire que tout se passe bien dans sa ville, si tu savais que c’est pour toi que je suis venue, j’avais presque oublié que tu vivais ici. Mardi se passe, et mercredi matin j’apprend que je vais à Marseille. Ah oui c’est vrai ! Je vois Julien. Edouard me ramène en voiture. Mon téléphone sonne, « Allo ? » Je rie, il a la voix défoncé d’un mec qui se lève a peine. Je lui fais remarquer, mais Edouard écoute, j’abrège, on se retrouve a 14h30 devant le furet.

Il fait le mec blasé mais il est inquiet, c’est qui ce mec ? Ah si tu savais mon cœur…

Quand je suis arrivé en ville, j’étais un peu en avance, j’ai fais un tour pour me détendre, et je suis venu m’accroupir adossée a une colonne de l’entrée. J’ai sorti mon portable pour me concentrer sur autre chose que sur les gens autour de moi, sachant qu’il serait la d’une minute à l’autre et j’ai écris a ma sœur « je vois Juliiieeen !!!! »

J’en étais à taper le 3^e I quand j’ai levé le nez et que je l’ai aperçu. Grand, je me relève, yeux bleus, je m’avance pour lui faire la bise, salut, sa voix…son sourire, sa dégaine, la totale, l’idéal incarné en lui…j’avais oublié.

Je suis à l’aise. J’ai changé depuis l’année dernière. J’ai rencontré tellement de monde, parlé a tellement de gens différents, que j’ai la vague impression d’être une autre en parlant avec lui. Il m’écoute, on parle autant l’un que l’autre, chacun a son mot à dire, on s’amuse, on marche vers la gare. J’ai ma résa de tgv à prendre à la gare pour la fin de l’aprem, je le quitte pour repartir. « T’es vachement speed toi » exactement ce que je voulais qu’il pense, parce qu’au fond je voudrais qu’il oublie celle qu’il a trouvé l’année dernière. J’y pensais même plus, comme si je l’avais vu une semaine avant. Ce n’est qu’une fois dans le train que j’ai réalisé tout le temps qui s’était écoulé depuis la dernière fois avec Laeti, et comme j’avais changé.

Je me sens bien dans mes fringues, je me sens presque belle, même à coté de lui. j’ai l’impression de lui plaire, l’impression que cette fois ci il est pas déçu, qu’il a enfin trouvé celle qu’il avait vu en moi, celle que j’essayais de trouver a tout prix  depuis deux ans, et que ca y’était presque.

J’ai des choses à te dire. Cette fois on peut discuter, on peut parler des heures et des heures, le temps passe trop vite. « On va se poser dans un café ? » « Allons y ! »

On s’est assis sur une banquette au Béthune, ce café ou Topmodel m’avait emmené une fois, avec ses potes.

« j’suis content de te voir, c’est cool que tu sois venu »

« moi aussi j’suis contente, ça faisait longtemps »

 J’ai pris un café viennois, lui aussi, et on sirotait notre café en se regardant dans les yeux. J’étais enfin moi-même devant lui. Enfin. Il souriait, de ce sourire craquant que je n’ai trouvé chez personne d’autre. Il est de ces personne qu’on est fière de connaitre, de ces personne qu’on se félicite d’intéresser ne serait ce que cinq minutes. J’ai du l’intéresser plus de cinq minutes parce qu’on a pas vu l’heure.

On avait plein d’histoire liées à se raconter, toutes mes certitudes que j’avais cru fausses, toutes me sont revenues en face, mais oui c’était sur, j’avais raison.

-         ….et puis là je me suis retrouvée dans la salle, tu vois, immense, je connaissais pas, et j’avais perdu mes potes, j’ai envoyé un mess…..

-         …tu te souviens de l’histoire que tu m’as envoyée l’année dernière ?

Il me regardait dans les yeux depuis cinq minutes, je pensais qu’il était concentré sur mon histoire mais il m’a soudain coupé, la lettre…l’histoire dramatico-romantique que j’avais osé lui envoyer, celle que j’espérais qu’il aie perdue, j’avais oublié, pourtant je ne l’avais pas revu depuis…

-         j’y réponds.

-         Quoi ?

-         Bah oui

-         Tu dis quoi ?

Je l’imaginais en train d’écrire une suite, dramatico romantique…je craignais le pire…

-         en fait je mets la date et l’heure et je raconte ma vie…

-         ah

-         et puis quand je sentirais que ça suffit je te l’enverrai.

Je le regardais sans y croire, sans répondre, en touillant mon fond de café, un vague sourire aux lèvres. Je n’aurais jamais espéré ça, j’avais même arrêté d’y penser tout court, et ce qu’il venait de me dire me paraissait complètement irréel. Une réponse de Julien. Un journal intime de mon mec idéal dans ma boite aux lettres, un jour…impossible.

-         Mais tu l’enverras jamais, comme si j’allais te croire !

-         Alors pourquoi je prendrais la peine d’écrire si c’était pour que dalle, réfléchi, même si y’a pas de début ni de fin, ce que j’ai écris c’est fait, quel intérêt de ne pas l’envoyer.

-         T’as raison. Mais bon, je verrai bien.

Je lui ai dis en le regardant bien dans les yeux.

-         tu verras bien.

On s’est baladé dans H&M comme d’hab, notre temple, ou j’ai trainé pendant trois mois en début d’année, espérant vaguement le croiser. Puis a Décath, il cherchait des fringues de ski, ou plutôt de snowbord, et je l’imaginais dans la combi, avec ses lunettes et sa casquette, la classe incarnée, comme le blond de Gab Elmaley, souple et gracieux dévalant la piste…il m’a coupé dans ma rêverie « on y va ? » « oui oui… »

Quand je marchais a coté de lui je me disais qu’on était beaux l’un a coté de l’autre, moi cintré dans ma petite veste noire, juste au dessus de son épaule, ni trop grande, ni trop petite, la démarche synchronisée, nos fringues assortie, même sans y penser, en parlant de tout et de rien…

C’est après que j’y ai pensé.

On est allé au furet, je lui ai montré nos coins d’historiens d’art avec Topmodel, on a regardé des livre de photos sur des films, commentant nos gouts respectif, roh il est génial, oui, tu l’as vu en VO, non, regarde j’adore ce moment là, arf avoue que t’as pleuré, mais nan, j’suis pas un sensible, menteur…oh regarde !  Et on est descendu à l’étage musique, après s’être perdu deux fois…

Ah, je l’ai retrouvé t’étais où ? Il me passe le bras autour de l’épaule, je suis pile a la bonne taille, c’est d’un naturel saisissant quand il fait ça, et il me dit « c’est marrant, j’suis grand à coté de toi »

Aucun intérêt cette phrase, non seulement je fais 1m20, donc théoriquement, TOUT le monde est grand a coté de moi, et en plus, le fait que je sois pile au niveau de son bras n’a rien a voir avec quelque chose de drôle, ca résulte juste d’un besoin de dire quelque chose, pour justifier son geste, et j’aimais bien son bras sur mon épaule, ca voulait dire qu’il était détendu, que je l'avais mis à l'aise.

Il y’avait un mec, avec un casque sur les oreilles, il avait l’air de littéralement Peter un câble, il dansait comme un dingue sur la musique que lui seul entendait en se tortillant autour du câble si bien qu’on se demandait s’il allait pas s’étouffer tout seul avec. J’ai failli me taper une barre en voyant ça, spontanément, mais Julien m’a refroidi avec un « c’est pas drôle, il doit avoir un problème ». Sur le coup je me suis dis de quelle gamine tu dois avoir l’air Mathilde enfin ! Il avait l’air tellement sérieux en disant ça, alors j’ai levé les yeux vers lui pour voir ce qu’il en pensait, j’ai bien vu qu’il avait un sourire au coin des lèvres, ca m’a rassuré, et comme je le fixais sans faillir et qu’il tentait de pas me regarder il s’est mis a pouffer de rire, il m’a regardé et il s’est taper une barre monstrueuse, s’appuyant sur le bord du rayon, il en pleurait et j’essayais de me retenir comme je pouvais, mais je me suis appuyé a son épaule explosée de rire…comme ça pendant trente seconde. On était tout rouge et on respirait plus, il m’a pris le bras dans les rayons en essayant de pas bloquer sur la nouvelle star en transe devant son jukebox,  « viens on fait le tour » dès que nos regards se croisaient on repartait en live, et ainsi de suite jusqu'à ce qu’on s’assoie sur les quelques marches de l’escalier.

AAaAaAaaah.

On était posé sans rien dire, se jetant des coups d’œil en coin, essayant de se calmer, et puis j’ai sorti mon portable à tout hasard…merde ! Quatre heures vingt ! Mon tgv était a cinq heure.

« Va falloir que j’y aille ! »

« wé ok. Je te raccompagne en bas, je vais rester un peu ici moi. »

 On descend les escaliers, j’avais à peine fini ma phrase quand on est arrivé devant les portes.

« tu me diras quand tu voudras qu’on se refasse une aprem »

« ouai je te dirais »

Bien sur…dans six mois…un an…on verra…

On s’est fait la bise, et je suis partie sans me retourner. Je me suis dépêché de retourner a la gare, quelques rues plus loin, où Edouard m’attendait avec mon mp3 que j’avais oublié le matin sur son ordi.

-         c’était bien ? 

-         oui. Allé vite, il faut que je monte… 

-         amuse toi bien à Marseille, et dors bien cette nuit…et voila quoi.

-         T’inquiète, allé bisou

-         Et m’oubli pas

-         Non je t’oublie pas.