rien de nouveau!

J’avais envie de la prendre dans mes bras et de lui faire un gros câlin, lui dire que c’était la meilleure semaine de toutes mes vacances pourraves, que le ciel était beau chez elle et que je voulais pas partir, qu’on avait pas fait nos photos et qu’il fallait encore regarder les concerts de muse. J’avais envie d’aller au concert avec elle. J’aurais du lui dire qu’ils avaient qu’a foutrent leur billet à 50 euros dans le cul de leur avion suicide et qu’ils aillent se crasher la gueule sans moi, trop jeune pour mourir, allé viens Dine, on se casse et Basta !

C’est ce que j’aurais du dire, au lieu de ça je lui ai fait une bise maladroite, deux fois tellement j’m’en voulais sans trop savoir pourquoi, j’lui ai dis merci et désolé d’une voix tremblotante à peine perceptible tellement je battais l’air avec mes mouvements de bras genre albatros et mes mots qui sortaient de ma bouche à 100 à l’heure, alors pour limiter les dégâts, pas me mettre à chialler (c’est pas notre genre hein Dine) j’me suis barrée vite vite en courant (j’sentais quand même que j’étais pas en avance) vers cette putin de porte 43....

Comment tout ces gens peuvent ils monter sereinement dans un engin pareil...vraiment les gens on leur fait gober n’importe quoi, si on leur dit que c’est par risqué de se jeter d’un pont tout le monde saute, et là tout le monde grimpe dans ce truc qui va défier des lois de la gravitation...moi avec....

Si l’homme est né sans ailes, c’est bien qu’il est pas sensé voler, pourquoi on veut toujours paraître plus grand qu’on ne l’est ? Sauf que là, c’est pas la question, le but c’est juste de payer moins cher le billet en risquant sa peau plutôt que le TGV. (Tu crois que c’est par économie qu’ils sont morts les martiniquais ? ou juste parce que le bateau c’est long ? nan, juste par confiance en la technologie...) C’est bien un fait de société que de voyager en avion, parce que c’est devenu coutume que de partir loin et vite, c’est pour ça que l’avion s’est banalisé et que je me retrouve dans cette queue avec mon billet dans une main et ma carte d’identité entre une bande de wesh et un bébé qui pleure. Je soupçonne les fandjos d’à coté d’être des kamikazes islamistes, le technicien au bout du couloir d’avoir mal vissé un boulon, le pilote à l’entrée de l’avion qui contrôle mon billet d’avoir un sourire trop craquant pour être honnête...j’ai l’impression qu’ils sont tous suspects avec leur sourires mielleux...

Je souris pas je me pisse dessus...

J’ai tout un tas d’idées noires qui me traversent l’esprit à une vitesse vertigineuse comme celle à laquelle on va bientôt quitter la terre pour planer au dessus de la stratosphère.

Compagnie de malheur, ils essayent de nous amadouer avec leurs sandwichs au fromage mais on me la fait pas, j’ai déjà envie de dégueuler, j’ai le cœur qui décolle de la poitrine depuis une demi heure j’ai du mal a respirer, laissez mon estomac en paix, ça vaut pas les pizzas de chez Dine.

Non vraiment le soleil était trop rouge, c’est un signe. Un coucher de soleil... le dernier ciel que je vois de Marseille, magnifique.

En arrivant il était d’un bleu pure et sans nuage, chaud et ensoleillé.

Là je me pose sur ma banquette bleu roi, je regarde les pistes, dégoûtée de partir, et finalement j’y pense pas encore tellement j’veux pas mourir, et sans rire, y’a vraiment eu des moments où ma peur me persuadait que j’allais crever. . Le soleil...suspect ce soleil, il allait me lâcher, me laisser voler dans un ciel noir, lugubre...

Comme si la terre entière s’acharnait sur moi, un bébé se met à hurler au siège devant moi, les wesh débarquent et s’assoient juste derrière moi...parfait....sur un avion d’une centaine de places, tout va bien, mais c’est pas grave, on sera tous frères dans quelques minutes.

Qu’a cela ne tienne, je mets mes écouteurs, malgré les beuglements des mecs de derrière qui se sont cru seuls au monde, surtout que j’en ai que pour deux minutes de musique, vu que les appareils sont interdis au décollage et a l’atterrissage, autrement dit les trois quarts du voyage...

Ce qui me faisait surtout peur c’était pas tant le crash imminent, ça, je ne faisais que me préparer mentalement. J’essayais de détendre mes muscles, et de pas repenser à la phrase du noir avec la touff dans Leeland, « j’voulais voir si ça faisait mal » et l’autre qui répond qu’ : évidemment ça fait mal. Bref, j’essayer de ne penser à rien, chaque pensée était susceptible de modifier le cours des choses. (Mon esprit tordu tournait à plein régime, comme bientôt les réacteurs allaient se mettre en marche) on était encore immobile que je zieutais autour de moi sans trop savoir ou poser mes yeux. « exit » « gilet de sauvetage » « masque à oxygène » en haut, tout le monde lit le journal, c’est un club ou quoi ? J’ai du louper la distribution, dans mon axe, écrit en gros titre « le dernier voyage des passager blabla... » Dans la rubrique catastrophe aérienne....certes... y’a des gens détendu ici.

Dans la rangée pas loin y’a un petit garçon qui joue avec des voitures et les balances en l’air en faisant des bruits douteux, « ZiiiOuuuuuu...CRASH BOUM !!!! »

Putin Math respire....

Mon cœur va me lâcher je le sens...à la limite c’est ptet moins douloureux. On a pas encore bougé d’un poil, mais les portes se sont retirés, et j’entend des Ding...j’ai soudain une subite envie de sortir, déguerpir de ce vaisseaux de malheur tant qu’il en est encore temps. J’y pense très fort quand devant moi le bébé se met à hurler à la mort, le haut parleur annonce la bienvenue dans cet airbus A 320, a destination de Charles de Gaule..

" ladies and gentleman...."

Et je me résigne, c’est fou de nous souhaiter un agréable voyage de des circonstances si dramatiques. J’ai l’esprit très mal tourné ce soir, et vla qu’il fait déjà nuit noire, l’avion commence à rouler, j’peux plus sortir !!!! Cloué sur mon siège....mais j’entend la voix de Ryan Gosling qui me dit tendrement

« alors d’accord, tout va bien se passer.... »